Aller au contenu

Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et après avoir débattu le prix pendant quelques minutes, je reçus un shilling ; et ce fut une affaire faite. Mon petit sloop, bien fait et bien gréé valait de cinq à six shillings, et, dans toute autre circonstance, je ne m’en serais pas défait, même pour une somme plus forte ; mais le juif auquel je m’étais adressé vit à mon premier mot que j’avais besoin d’argent, et comme tous ses pareils il spécula sans honte sur l’embarras où je me trouvais.

Peu importe, j’étais pourvu de fonds qui me paraissaient considérables, et avisant une boutique de comestibles, j’y employai la somme entière : j’achetai du fromage pour six pence, du biscuit de mer pour six et demi, je bourrai mes poches de mon emplète, et je retournai m’asseoir au milieu des colis où j’avais passé une partie du jour. C’était l’heure où l’on dînait à la ferme, j’avais faim, et j’attaquai mon fromage et mon biscuit de manière à singulièrement alléger ma cargaison.

Lorsque le soir approcha, il me parut convenable d’aller flâner aux environs du vaisseau, afin de reconnaître les lieux ; je voulais m’assurer de l’endroit où il était le plus facile d’escalader le bastingage, et combiner les moyens qui me permettraient le plus sûrement d’arriver à mon but. Mais si les matelots m’apercevaient ? Cela m’était bien égal ; ils ne pouvaient pas m’empêcher de me promener sur le