Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/131

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supposer que l’arrimage n’était pas terminé ; mais personne ne travaillait, les abords de l’écoutille et le passavant étaient déserts. Où pouvaient être les matelots ?

J’avançai tout doucement, et fis un pas sur la planche qui conduisait au navire ; de ce poste avancé j’aperçus la grande écoutille, ainsi qu’une partie de l’embelle ; mais je ne vis pas la vareuse du monsieur en drap bleu, ni les vêtements tachés de graisse de l’équipage.

Je prêtai l’oreille en retenant mon haleine ; un bruit confus m’arriva du navire ; je distinguai des voix, probablement celle des matelots qui s’entretenaient de chose et d’autre. J’en étais là quand un individu apparut tout à coup à l’ouverture du passavant. Il portait un vase énorme où fumait quelque chose ; c’était sans doute de la viande, et je compris pourquoi on avait déserté l’embelle.

Moitié par curiosité, moitié pour obéir à l’idée qui me passait dans la tête, je franchis l’embarcadère, et me glissai furtivement sur l’Inca. J’aperçus les matelots à l’extrémité du navire : les uns assis sur le tourniquet, les autres sur le pont même, tous ayant leur couteau à la main et leur assiette sur les genoux. Grâce au plat fumant qu’apportait le cuisinier, et sur lequel s’attachaient tous les regards, personne ne tourna les yeux de mon côté.

« Maintenant ou jamais ! » murmurai-je en moi-