Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

eu le malheur de révéler ma présence, avant le départ de celui que nous avions probablement, on me jetait dans son bateau, et je perdais le fruit de mes efforts, ce qui après l’heureux début de mon entreprise était une humiliation que je ne pouvais accepter.

En supposant même qu’il n’y eût pas de pilote sur l’Inca, nous étions encore dans les parages que fréquentent les bateaux-pêcheurs, ceux qui font la côte ; l’un d’eux, retournant au port, serait hélé facilement, et l’on m’y descendrait comme un colis pour être déposé sur le quai.

J’étouffai donc ma soif, et me cuirassant contre la douleur, je pris la résolution de rester dans ma cachette.

Le navire glissa tranquillement sur les flots pendant une heure ou deux ; sa marche était ferme, d’où je supposais que le temps était calme et que nous étions toujours dans la baie. Comme je faisais cette réflexion, je m’aperçus que le roulis devenait de plus en plus fort ; les vagues fouettaient les flancs du bâtiment avec une telle violence qu’elles en faisaient craquer le bordage.

J’étais bien loin de m’en plaindre ; c’était la preuve que nous nous trouvions en pleine mer, où la brise était toujours plus forte, et les lames plus puissantes. « Bientôt, pensai-je, on renverra le pilote, et je pourrai sans inquiétude me montrer sur le pont. »