Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/17

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dire qu’on eût fait le moindre dégât chez lui.

Ce parc existe toujours, vous en connaissez les murs ; mais l’excellent homme qui le possédait autrefois est mort depuis de longues années ; il était déjà vieux à l’époque dont je vous parle, et qui date de soixante ans.

Si mes souvenirs sont exacts, on voyait alors sur le bassin une demi-douzaine de cygnes, et d’autres oiseaux aquatiques dont l’espèce était rare. C’était pour les enfants un grand plaisir que de donner à manger à ces jolies créatures ; quant à moi je n’allais jamais au parc sans avoir les poches pleines.

Il en résulta que ces oiseaux, particulièrement les cygnes, étaient devenus si familiers qu’ils venaient chercher ce que nous leur présentions, et nous mangeaient dans la main, sans la moindre frayeur.

Nous avions surtout une manière extrêmement amusante de leur donner la pâture : le bord du petit lac s’élevait, d’un côté, à plus d’un mètre ; l’eau était profonde en cet endroit, et comme la rive se trouvait pour ainsi dire à pic, il était presque impossible de la gravir. C’est là que nous attirions les cygnes, qui, du reste, y venaient d’eux-mêmes lorsqu’ils nous voyaient arriver. Nous placions un petit morceau de pain au bout d’une baguette fendue, et tenant cette baguette au-dessus des oiseaux, à la plus grande hauteur possible, nous avions la joie de voir