Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/190

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du porto, mieux encore du whisky d’Écosse, j’aurais en cent vingt gallons. Quant à cela, je ne m’y serais pas trompé ; j’aurais reconnu tout de suite, en buvant, cette saveur particulière que le whisky donne à l’eau, quelle que soit sa dose infinitésimale.

Après tout, il était possible que je ne m’en fusse pas aperçu ; j’avais tellement soif, que je n’avais pensé qu’à boire et à me désaltérer. J’ôtai le fausset et goûtai l’eau avec réflexion : elle avait un zeste liquoreux, cela ne faisait pas le moindre doute ; restait à dire lequel ; et du madère au xérès, la différence (je parle de la dimension de la pipe) était trop grande pour baser mon calcul sur un soupçon que rien ne venait justifier. Il fallait chercher autre chose.

Heureusement qu’à l’école de mon village, notre bon magister avait joint quelques principes de géométrie à nos leçons d’arithmétique.

Je me suis demandé bien des fois comment il se fait qu’on néglige d’enseigner les éléments scientifiques les plus indispensables, tandis qu’on a grand soin de faire entrer dans la tête de nos malheureux enfants tant de vers irrationnels, pour ne rien dire de plus. J’ai la persuasion, et je le déclare sans hésiter, que la connaissance d’une simple loi mathématique, apprise en huit jours, est plus utile à l’humanité que l’étude complète de toutes les langues mortes de la terre. Le grec et le latin ! que d’obstacles n’ont-ils pas mis au progrès scientifique.