Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/201

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instant, j’avais bien eu la crainte de ne pas triompher de cet obstacle.

Vous demandez comment j’ai fait ?

La chose était bien simple.

Quand j’ai dit plus haut que je ne possédais pas de mètre, j’exprimais littéralement la vérité ; mais j’en étais un moi-même. Vous rappelez-vous que je m’étais mesuré sur le port, et que j’avais quatre pieds juste ? De quelle valeur cette connaissance n’était-elle pas dans le cas dont il est question ?

Dès que j’étais sûr d’avoir quatre pieds[1] je pouvais marquer cette longueur sur l’une de mes baguettes, et en faire la base de mes calculs.

Pour en arriver là, je m’étendis bien par terre, la plante des pieds posée verticalement contre l’une des côtes du vaisseau ; après avoir placé la baguette sur moi, je l’appuyai d’un bout à la planche où s’appliquaient mes pieds, de l’autre sur mon front : et de la main qui était libre, indiquant le sommet de ma tête, je marquai avec mon couteau l’endroit qui correspondait sur la baguette avec le dessus de mon crâne.

Mais il se présentait de nouvelles difficultés ; ma règle de quatre pieds, ou de cent vingt centimètres, ne me servait pas encore à grand’chose. Il aurait fallu, pour qu’elle me fût utile, que les parties mesurées

  1. Le pied anglais équivaut à 30 centimètres et demi.