Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/222

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n’avais pas besoin de lumière pour y trouver ce que j’y mettais.

Vous comprenez dès lors quelle dut être ma surprise lorsqu’en étendant la main, je ne trouvai pas le biscuit que j’étais sûr d’avoir gardé.

J’avais ma tasse ; mon couteau était à sa place ; mon calendrier s’y trouvait également, ainsi que les bouts de cuir dont je m’étais servi pour diviser ma jauge ; mais pas vestige du précieux morceau que je conservais pour ma collation du soir.

L’aurais-je mis autre part ? je ne croyais pas. Afin d’en être sûr, j’explorai tous les coins de ma cellule, je secouai l’étoffe qui me servait de matelas, je fouillai dans mes poches, dans mes bottines que je ne portais plus et qui gisaient à côté de mon lit ; je ne laissai pas un pouce de ma cellule sans l’avoir tâté soigneusement ; et je ne trouvai de biscuit nulle part.

C’était moins la valeur de l’objet que l’étrangeté de sa disparition, qui me faisait mettre tant d’activité dans mes recherches. Qu’avait pu devenir ce biscuit ?

Est-ce que je l’avais mangé ? Il y avait des instants où je commençais à le croire. Peut-être, dans un moment de distraction, l’avais-je avalé sans y penser. Dans ce cas-là j’en avais totalement perdu le souvenir ; et la chose ne m’avait pas profité ; car mon estomac n’était pas moins vide que si je n’avais rien mangé depuis le matin.