Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/24

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me démenais avec l’animation d’un jeune marsouin. Quelques-uns de mes camarades, plus âgés que moi, me donnèrent une ou deux leçons, et j’eus bientôt le plaisir de faire la planche sans le secours de personne. Je me rappelle combien je me sentis fier lorsque j’eus accompli ce haut fait natatoire, et la sensation délicieuse que j’éprouvai la première fois que je flottai sur le dos.

Permettez à ce sujet-là que je vous donne un conseil : croyez-moi, suivez mon exemple, apprenez à nager. Vous pouvez en avoir besoin plus tôt que vous ne le pensez. Demain, peut-être, vous regretterez votre impuissance en voyant mourir le compagnon que vous auriez pu sauver ; et qui vous dit que tôt ou tard cela ne vous sauvera pas vous-même ?

À présent que les voyages se multiplient chaque jour, on a bien plus de chances de se noyer que l’on n’en avait autrefois : presque tout le monde s’embarque, traverse la mer, descend les fleuves ; le nombre des individus qui, pour leurs affaires ou leur plaisir, s’exposent à tomber dans l’eau est incroyable ; et, parmi ces voyageurs, une proportion, malheureusement bien grande, est noyée, surtout dans les années de tempête. Je ne veux pas dire qu’un nageur, même le plus fort que l’on connaisse, puisse gagner la terre s’il fait naufrage au milieu de l’Atlantique, ou seulement du Pas-de-Calais, mais on peut gagner une chaloupe, une