Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/254

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par une autre dont ils avaient rongé le tampon, sans doute insuffisant.

Ma curiosité pouvait être satisfaite ; mais mes alarmes n’en étaient pas moins grandes ; au contraire, elles n’en devenaient que plus vives. Quelle obstination chez ces rats ! Qu’est-ce qui pouvait les attirer dans ma cabine, où ils ne recevaient que des coups, et où l’un d’eux avait trouvé la mort ? Cela ne pouvait être que l’envie de me dévorer.

J’avais beau me creuser l’esprit, je ne voyais pas d’autre motif à leur entêtement.

Cette conviction réveilla tout mon courage ; je n’avais dormi qu’une heure ; mais il fallait avant tout réparer ma forteresse et augmenter mes moyens de défense. J’enlevai l’un après l’autre tous les morceaux d’étoffe qui bouchaient les fentes, les ouvertures de ma cabine, et je les remis avec plus de solidité ; j’allai même jusqu’à tirer de la caisse, où elles étaient renfermées, deux pièces de drap, pour augmenter l’épaisseur de mes tampons. Il y avait précisément à côté de cette caisse une multitude de crevasses qui me donnèrent beaucoup de peine, et qu’après avoir remplies du mieux possible, je fortifiai d’un rouleau d’étoffe, posé debout et violemment enfoncé dans une encoignure qui se trouvait là : celle qui résultait du vide par où je m’étais introduit dans ma triste cachette. Une fois ma nouvelle redoute érigée, il n’y avait plus moyen,