Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/257

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de temps en temps des cris de rage, comme s’ils s’étaient dévorés entre eux. Mais leur voix et leurs pas ne me causaient plus de terreur, depuis que j’avais le certitude qu’ils ne viendraient plus dans ma cabine.

Lorsque par hasard j’étais forcé de déranger mes tampons, j’avais bien soin de les replacer au plus vite, pour que les fines créatures ne pussent pas même se douter qu’une issue avait été libre. Mais s’il me rassurait contre l’invasion étrangère, ce calfeutrage était, d’autre part, une cause de grande souffrance. La chaleur était excessive, et comme pas un souffle d’air ne pénétrait dans ma cellule, j’étais comme dans un four. Nous étions probablement sous l’équateur, tout au moins dans la région des tropiques, et c’est à cela que nous devions notre atmosphère paisible ; car sous cette latitude le vent est bien plus calme que dans la zone tempérée. Une fois cependant nous y éprouvâmes une tempête qui dura vingt-quatre heures ; elle fut suivie comme à l’ordinaire du soulèvement des flots, et je crus encore que nous allions faire naufrage.

Cette fois je n’eus pas le mal de mer ; j’étais habitué au mouvement des vagues, mais je fus horriblement bousculé par le roulis, poussé contre la futaille, rejeté contre le flanc du navire, et meurtri comme si j’avais reçu la bastonnade. Les secousses du bâtiment faisaient jouer les caisses et