Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

me manquait pour me mouvoir ; et je me sentis gagner par l’abattement.

« Oh ! non, pensai-je, il ne sera pas dit que je me serai découragé, tant qu’il me restera à faire un dernier effort. En gagnant seulement assez de place pour sortir une dernière pièce, je pourrai traverser la caisse. » L’espérance était encore au fond de la botte. Si après cela je ne rencontrais que de la toile ou du lainage, il serait temps de m’abandonner à mon sort.

Tant qu’il y a de la vie, on ne doit pas désespérer ; et soutenu par cette idée consolante, je me remis à la tache avec une nouvelle ardeur.

Je trouvai le moyen déplacer deux autres pièces de drap ; la caisse était à peu près vide ; je finis par m’y introduire, et, prenant mon couteau, je me disposai à m’ouvrir un passage.

Il me fallait, cette fois, couper la planche au milieu, car l’étoffe m’en cachait les deux extrémités. Cela faisait peu de différence ; l’ouverture que je pratiquai ne m’en suffit pas moins pour atteindre mon but : c’est-à-dire qu’elle me permit d’y fourrer la main, et de reconnaître ce dont la planche me séparait. Triste résultat de mes efforts : c’était un second ballot de toile.

Je serais tombé si le fait avait été possible ; mais j’étais pressé de toute part, et ne pus que m’affaisser sur moi-même, n’ayant plus ni force ni courage.