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Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/283

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apaisée, ma tête s’inclina, puis je m’endormis, soutenu par le monceau d’étoffe qui se trouvait derrière moi.

J’avais eu soin de fermer la porte aux rats ; et cette fois rien ne troubla mon sommeil.

Le matin, c’est-à-dire quand je m’éveillai ; cela pouvait être le soir aussi bien que le milieu du jour, car je n’avais pas remonté ma montre ; mes habitudes étaient détruites, et je ne savais plus rien des heures. Enfin, à mon réveil, je mangeai quelques miettes et bus énormément ; j’étais désaltéré, mais l’estomac criait famine ; j’aurais avalé sans peine ce qui me restait de biscuit, et j’eus besoin d’un courage extrême pour m’arrêter au début ; il fallut me dire que ce serait mon dernier repas ; sans la crainte de la mort je n’aurais pas eu la force de supporter cette abstinence.

Après avoir fait ce très-maigre déjeuner, l’estomac rempli d’eau, et le découragement au cœur, je retournai dans ma caisse avec l’intention de faire de nouvelles recherches. Ma faiblesse était grande, les côtes me perçaient la peau, et c’est tout ce que je pus faire que de remuer les pièces de drap pour me frayer un passage.

L’un des bouts de la caisse s’appuyait aux flancs du navire, je n’avais donc pas à m’en occuper ; mais celui qui était en face regardait l’intérieur de la cale, et ce fut de ce côté-là que je poussai mes travaux.