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Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/301

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semelle ; je pouvais employer le même procédé, mais à l’étude il me parut mauvais. En supposant qu’il me réussît la première et la seconde fois, quand j’aurais tué deux rats, les autres s’éloigneraient de ma cabine ; je n’avais plus de biscuit pour les y attirer ; les fines bêtes s’en seraient bientôt aperçues, et n’auraient pas remis la patte dans un endroit où il n’y avait que des coups à recevoir. Il valait mieux tout de suite s’approvisionner pour dix jours, et n’avoir plus qu’à m’occuper de mon travail. Peut-être la chair en deviendrait-elle meilleure ; le gibier gagne à être attendu. C’était du reste le parti le plus sage, puisque c’était le plus sûr ; je m’y arrêtai et cherchai le moyen de prendre mes rats en masse.

Nécessité est mère de l’industrie ; c’est à elle, bien plus qu’à ma propre imagination, que je dus le plan de ma ratière. Celle-ci n’avait rien de très-ingénieux, mais elle me permettrait d’arriver à mon but, et c’était l’important. Il s’agissait de faire un grand sac ; la chose était facile, puisque j’avais de l’étoffe : un morceau de drap plié en deux, cousu avec de la ficelle, ferait parfaitement l’affaire. La corde ne me manquait pas ; j’avais tous les liens qui avaient attaché les pièces de drap ; mon couteau me servirait d’aiguille, je terminerais le sac par une coulisse, et mes rats seraient pris au piége.

Ce ne fut pas seulement un projet ; en moins