Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/312

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l’ascension que je méditais ; il y avait à cela deux motifs :

1° Je le supposais directement au-dessous de l’écoutille (la boîte aux biscuits s’y trouvait bien, mais elle était plus petite, et cela m’aurait gêné dans mon travail).

2° Je savais, et c’était ma raison déterminante, qu’au-dessus de la caisse au drap il se trouvait une autre caisse, tandis que sur la caisse aux biscuits était un ballot de toile. Or il était bien moins difficile de défaire les pièces de drap que d’arracher la toile du ballot ; vous vous rappelez qu’il m’avait été impossible d’en mouvoir une seule pièce.

Peut-être supposez-vous qu’une fois dans le caisse je me mis immédiatement à l’œuvre ; vous vous trompez ; je restai longtemps sans faire usage ni de mon couteau ni de mes bras ; mais mon esprit travaillait, et toutes les forces de mon intelligence étaient activement employées.

Jamais, depuis la première heure de ma réclusion, je n’avais eu autant de courage que je m’en sentais alors : plus je réfléchissais à l’entreprise que j’allais tenter, plus je sentais grandir mes espérances et plus j’étais heureux. Jamais, il est vrai, la perspective n’avait été aussi brillante. Après la découverte de la futaille d’eau douce et la caisse de biscuits, j’avais éprouvé une joie bien vive ; mais c’était toujours la prison, les ténèbres, le silence,