Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/317

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ainsi que je vous le disais, la crainte d’en manquer était maintenant ma plus vive inquiétude.

Grâce à ma patience, jointe à l’activité que j’avais mise dans cette opération, la caisse était vide, et toute l’étoffe qu’elle avait renfermée se trouvait maintenant logée dans ma case, où elle tenait le moins de place possible.

Ce résultat satisfaisant augmentait mon courage, et me donnait une bonne humeur que je n’avais pas eue depuis un mois. L’esprit léger, le corps alerte, je grimpai dans la nouvelle caisse vide. Plaçant en travers l’une des planches qu’il m’avait fallu déclouer, j’en fis un banc, et m’y reposai, les jambes pendantes, les bras à l’aise. J’avais assez de place pour me redresser, et je ne puis vous dire la satisfaction que je ressentais à me tenir droit et à relever la tête. Confiné depuis bientôt cinq semaines dans une cellule d’un mètre d’élévation, moi qui avais trente centimètres de plus, j’étais resté accroupi, les genoux à la hauteur du menton ; et, pour aller d’un endroit à l’autre, il avait fallu me courber, malgré la fatigue que j’en éprouvais.

Tout cela est peu de chose dans les premiers instants ; mais à la longue c’est excessivement pénible ; aussi était-ce pour moi un grand luxe de pouvoir étendre les jambes et de ne plus avoir à me baisser. Mieux que cela, je pouvais me tenir debout : les deux caisses communiquaient entre elles et présentaient