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Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/330

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énorme caisse était faite. J’eus infiniment de peine et fus au moins quatre ou cinq heures à pratiquer cette ouverture ; mon couteau ne coupait plus et ma tâche en devenait plus difficile.

Je finis pourtant par compléter la section, et par détacher la partie inférieure de la planche que je fis tomber entre les deux caisses ; la seconde moitié suivit la première, et j’eus une ouverture assez grande pour fouiller dans l’intérieur de cette boîte gigantesque.

De monstrueuses feuilles de papier recouvraient la surface d’un corps volumineux et résistant ; j’arrachai cette enveloppe, et mes doigts glissèrent le long d’un objet poli comme un miroir ; mais ce n’était pas une glace, car ayant frappé cet objet d’un revers de main, il résonna comme il avait fait une première fois ; je donnai un coup plus fort et j’entendis une vibration harmonieuse, qui me fit penser à une harpe éolienne.

C’était un piano qui se trouvait dans la grande caisse, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. Il y en avait un dans notre petit parloir ; ma mère en tirait des sons mélodieux ; c’est encore aujourd’hui l’un de mes plus doux souvenirs, et je reconnaissais les vibrations qui m’avaient ému jadis. Cette grande table unie, où coulaient mes doigts comme sur du verre, n’était ni plus ni moins que la caisse de l’instrument.