Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/332

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Je ne connaissais pas la disposition intérieure d’un piano ; tout ce que je me rappelais, c’était d’y avoir remarqué beaucoup de petits morceaux d’ivoire et d’ébène, un grand nombre de cordes en acier, des planches, des pédales, une foule de choses qui devaient être bien difficiles à défaire. Puis il y avait un fond solide ; et après le fond du piano, restait la caisse d’emballage.

En supposant que je parvinsse à démonter, ou à briser toutes ces pièces, à les retirer de leur étui, à les ranger derrière moi pour déblayer la place, aurais-je assez de terrain pour agir et pour me permettre de faire une entaille qui me permît d’y passer ? La chose était douteuse ; je me trompe, j’avais la certitude qu’elle était impraticable.

Plus j’y pensais, plus je voyais l’impossibilité de l’entreprise, et, après l’avoir envisagée sous toutes ses faces, j’y renonçai complétement ; il était beaucoup plus sage de me détourner que de chercher à m’ouvrir une brèche dans cette muraille de palissandre ou d’acajou.

Ce n’est pas, toutefois, sans chagrin que je pris cette résolution ; j’avais eu tant de peine à ouvrir la caisse du piano ! Il m’avait fallu une demi-journée de travail pour défoncer la boîte au drap et pour scier la planche voisine ; tout cela en pure perte. Mais qu’y faire, sinon réparer le temps perdu ? Comme un général qui assiége une ville, et