Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/363

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objet, qui pour moi avait tant de prix, ne valait pas six pence. Vous devinez que je parle de mon vieux couteau.

Mon oncle n’interviendrait pas dans cette affaire ; il s’intéressait fort peu à moi, et n’était pas responsable de mes actes, il ne fallait donc pas compter sur lui pour payer mes dégâts.

Une seule pensée me donnait de l’espoir ; je pouvais m’engager au service du capitaine pour un nombre d’années considérable ; je pouvais travailler en qualité de mousse, de garçon de cabine, de domestique ; je ferais tout ce qu’il lui plairait de m’imposer pour éteindre ma dette.

S’il acceptait ma proposition, et je ne voyais pas qu’il eût autre chose à faire, à moins de me jeter par-dessus le bord, tout s’arrangerait pour le mieux.

Cette idée me rendit un peu de courage, et, après l’avoir envisagée sous toutes ses faces, je résolus de m’offrir au capitaine, aussitôt que je pourrais le voir.

Comme je venais de prendre cette décision, et d’en fixer les termes, j’entendis faire un grand bruit au-dessus de ma tête ; c’étaient les pas pesants des matelots qui allaient et venaient sur le pont ; ils se dirigeaient des deux extrémités du navire, et s’arrêtèrent précisément autour de l’écoutille.

Au bruit des pas succéda celui des voix ; —qu’il