Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/365

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un flot lumineux s’en échappa et m’éblouit complétement ; je chancelai, pris de vertige, et tombai sur une caisse, où je ne tardai pas à m’évanouir.

Au moment où l’écoutille s’était ouverte, j’avais entrevu un cercle de têtes penchées au-dessus du couloir, et qui s’étaient reculées tout à coup avec une expression de terreur. Les cris que j’avais entendus témoignaient du même effroi ; puis ils s’étaient dissipés peu à peu, en même temps que la lumière s’effaçait à mes regards, c’est-à-dire à mesure que je perdais connaissance.

Complétement étranger à tout ce qui se passait autour de moi, je ne vis pas le cercle de têtes se reformer au-dessus de l’écoutille, et me considérer de nouveau ; je ne vis pas l’un des hommes s’élancer sur les caisses, où il fut suivi de quelques autres ; je n’entendis pas leurs conjectures ; je ne m’aperçus pas de la douceur avec laquelle ils me relevèrent, me soutinrent dans leurs bras, me posèrent leurs mains calleuses sur la poitrine, pour voir si mon cœur battait encore ; je ne vis pas le bon matelot me prendre comme un enfant, monter avec précaution l’échelle qu’on lui tendait, et me déposer tout doucement sur le pont. Je ne vis et ne sentis rien, jusqu’au moment où le choc violent d’un seau d’eau me tira de ma torpeur, et vint m’apprendre que je respirais encore.