Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/44

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cette direction (et mes yeux n’y manquaient pas dès que j’arrivais sur la grève) sans en avoir un désir plus vif. Je savais par cœur la forme des rochers que la mer découvrait en se retirant, et j’aurais pu en dessiner le profil sans avoir le modèle sous les yeux. Leur sommet découvrait une ligne courbe, s’affaissant de chaque côté d’une façon particulière ; on aurait dit que c’était une énorme baleine, gisant à la surface de l’eau, et conservant au milieu de son échine le harpon qui l’avait fait échouer.

Cette perche ne m’attirait pas moins que le reste ; j’avais besoin de la toucher, de savoir de quoi elle était faite, et quelle pouvait être sa dimension, car du rivage elle ne paraissait pas beaucoup plus haute qu’une vergue. Je voulais voir cette espèce de boisseau qui en couronnait la pointe, et apprendre comment cette perche était fixée dans le roc. Il fallait que sa base y fût solidement attachée pour résister aux vagues ; plus d’une fois pendant la tempête, j’avais vu l’écume des flots atteindre une si grande élévation qu’on n’apercevait rien du récif, pas même l’espèce de boule qui surmontait la perche ;