Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/57

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Du reste, elles n’avaient rien de curieux, ce n’étaient que des moules, des manches de couteau et des pétoncles. Il n’y avait pas d’huîtres, sans cela j’en aurais avalé une ou deux douzaines, car l’appétit commençait à se faire sentir. Les crabes et les homards étaient abondants, mais je ne voulais pas les manger crus, et il m’était impossible de les faire cuire. D’ailleurs ma faim était encore très supportable.

Ce qui me faisait aller au bout de cette pointe rocailleuse, où j’apercevais des coquillages, c’était le désir de me procurer un oursin. J’avais toujours eu envie de posséder un bel échantillon de cette singulière coquille ; je n’avais jamais pu m’en procurer une seule. Quelques-uns de ces échinodermes s’apercevaient bien de temps en temps près du village, mais ils n’y restaient pas ; c’était dans le pays un objet assez rare, par conséquent d’une valeur relative, et qu’on posait sur la cheminée, dont il faisait l’ornement. Comme on visitait fort peu le récif, qui était assez loin de la côte, j’avais l’espoir d’y trouver cette coquille, et je regardais avec attention dans toutes les crevasses, dans toutes les cavités où mon œil pouvait atteindre.

À mesure que j’avançais, les formes brillantes qui m’avaient attiré devenaient de plus en plus distinctes, et j’étais sûr de trouver parmi elles quelque chose de précieux. Je n’en marchais pas plus vite, sachant