Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/63

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l’on pût me voir du rivage, ou que l’on connût ma position. Le petit canot, lui-même, ne serait pas aperçu ; je savais maintenant combien le volume des objets est diminué par la distance : le récif que je croyais s’élever à peine à trente centimètres au-dessus de l’eau, y était à plus d’un mètre ; et mon batelet devait être invisible à tous les flâneurs qui se promenaient sur la grève, à moins qu’on ne fût armé d’un télescope ; mais quelle improbabilité !

Plus j’y réfléchissais, plus j’étais malheureux ; plus je comprenais le péril où m’avait placé ma négligence. Que faire, quel parti prendre ? je n’avais pas d’autre alternative que de rester où j’étais. Si je pouvais néanmoins regagner mon canot à la nage ? Il n’était pas encore assez loin pour que je ne pusse pas l’atteindre ; mais il s’éloignait toujours, et je n’avais pas une minute à perdre, si je voulais mettre ce projet à exécution.

Je me dépouillai de mes habits en toute hâte, et les jetai derrière moi, ainsi que mes souliers, mes bas et ma chemise, afin d’avoir toute la liberté de mes mouvements.

Une fois à la mer je me dirigeai vers mon bateau, sans me détourner de la ligne droite ; hélas ! j’eus beau redoubler de vigueur, je ne voyais pas diminuer la distance qui me séparait de l’embarcation. Je finis par comprendre qu’il me serait impossible de la gagner de vitesse, et que mes efforts