Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/74

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haut, je n’arrivais toujours qu’au milieu de la futaille ; et comme le poteau n’offrait pas la moindre saillie, je me retrouvais sur le rocher plus vite que je ne voulais.

Malgré cela, je ne cédai point au désespoir ; l’approche du péril tenait au contraire mon esprit en éveil ; et conservant tout mon sang-froid, je me mis à chercher ce qu’il y avait de mieux à faire.

Si j’avais eu seulement un couteau, j’aurais pu entailler la pièce de bois, et poser les pieds sur les crans que j’y aurais faits ; mais je n’avais pas même un canif, et à moins de ronger le poteau avec mes dents, il fallait renoncer à l’entamer. Vous voyez que ma position était critique.

J’en étais là, quand une idée lumineuse me traversa l’esprit. Pourquoi ne ferais-je pas un tas de pierres à côté du poteau ? Je pourrais l’élever jusqu’à la ligne blanche, monter dessus et m’y trouver sain et sauf. Quelques fragments de roche avaient été placés autour du signal pour en consolider la base ; il ne me restait plus qu’à poser des galets sur cette première assise pour me bâtir un cairn[1], dont la plate-forme me servirait de refuge.

Ravi de ce nouvel expédient, je ne perdis pas une seconde, et je me mis en devoir d’exécuter mon projet. Les pierres détachées étaient nombreuses

  1. Cairn, tas de pierres que les peuples du Nord élèvent sur la tombe de leurs chefs.