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Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/80

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à droite, tantôt à gauche, fouillant du regard tous les points de l’horizon, et recommençant toujours, sans rien voir qui répondît à mon attente. Puis, mes yeux rencontraient les flots, que j’avais oubliés, en cherchant dans le lointain, et se fixaient sur les vagues énormes qui, revenues de leur course vagabonde, se brisaient contre l’écueil en roulant vers la plage. Elles paraissaient furieuses, et grondaient en passant comme pour se plaindre de ma témérité. Qui étais-je, moi, faible enfant, pour m’établir ainsi dans leur propre domaine.

Leur voix rugit plus fort ; il me sembla qu’elles me parlaient, je fus saisi de vertige, et dans ma défaillance, je crus que j’allais disparaître au fond de l’abîme.

Les vagues s’élevaient toujours ; elles atteignirent les derniers galets, couvrirent mes pieds, montèrent plus haut, toujours plus haut, me frappèrent les genoux…. Ô mon Dieu ! quand cesseront-elles de monter ?

Pas encore. Elles m’arrivèrent à la ceinture, elles me baignèrent les épaules, leur écume me fouetta le visage, m’entra dans la bouche, dans les yeux, dans les oreilles ; je fus à demi étouffé, à demi noyé. Ô père miséricordieux !

La marée avait maintenant toute sa hauteur, et menaçait à chaque minute de m’engloutir ; mais, avec la ténacité que l’instinct de la vie donne au moment