Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/97

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me mettrais en bons termes avec les matelots du schooner, je les intéresserais en ma faveur, enfin j’obtiendrais qu’ils me prissent avec eux.

Tandis que je guettais avec impatience cette occasion désirée, un incident imprévu changea tous mes projets, et fit sortir de ma tête le schooner, l’île de Man, ses nègres et ses boas.

À peu près à cinq milles de notre village, il y avait, en descendant la côte, une ville importante, un vrai port de mer où abordaient de grands vaisseaux, des trois-mâts qui allaient dans toutes les parties du monde, et qui chargeaient d’énormes cargaisons.

Il arriva qu’un jour, par hasard, mon oncle me fit accompagner l’un des domestiques de la ferme qui allait mener du foin à la ville ; j’étais envoyé pour tenir le cheval pendant que mon compagnon s’occuperait de la vente du foin. Or, il se trouva que la charrette fut conduite sur l’un des quais où les navires faisaient leur chargement : quelle belle occasion pour moi de contempler ces grands vaisseaux, d’admirer leur fine mâture, et l’élégance de leurs agrès !

Un surtout, qui était en face de moi, attira mon attention d’une manière toute spéciale ; il était plus grand que ceux qui l’environnaient, et ses mâts élancés dominaient tous ceux du port. Mais ce n’était ni la grandeur, ni les heureuses proportions de