Page:Reid - Aventures de terre et de mer, Hetzel, 1891.djvu/266

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« Ne tirez pas. Vous n’avez rien à craindre. » (Page 59.)


venait de lui recommander avec une sollicitude maternelle.

Et cependant Karl de Moor n’était pas né avec une âme perverse. Ce rôle perfide lui répugnait, et il ne s’y était plié que parce que la douleur qui le rongeait le lui faisait considérer comme un implacable devoir.

Cinq ans auparavant, Karl de Moor était un heureux père de famille, un bon époux, un riche propriétaire, honoré, estimé par tous ses voisins. En moins d’un an, il avait tout perdu : femme, enfant, fortune, et il était devenu l’aventurier que nous connaissons. La première de ces catastrophes avait été la mort de son fils unique Laurens, un beau et brave garçon qu’il adorait, qui faisait son orgueil et sa joie. Karl de Moor avait appris tout d’un coup que Laurens avait péri misérablement dans une expédition de chasse, dirigée dans un district sauvage.

L’ami avec lequel Laurens de Moor était parti revint seul et raconta au malheureux père que, Laurens et lui s’étant joints à une bande de chasseurs, ils avaient été attaqués par des naturels Bosjemens, et que Laurens, fait prisonnier, avait été mis à mort sous leurs yeux, sans que le chef de l’expédition et ses hommes eussent fait la moindre tentative pour le sauver.

Or, d’après le narrateur, ce chef qui avait lâchement abandonné un jeune homme placé sous son commandement, par conséquent sous