venir tout près de lui, et ne sachant pas bien s’exprimer en anglais, il chargea sa sœur d’être son interprète auprès du Marron.
Yola obéit avec plaisir à son frère.
« Cubissa, dit-elle au Marron, Cingües me dit qu’après l’affreuse trahison qu’il a subie, il n’osera plus se confier à aucun capitaine de navire, et il voudrait vous prier… mais je ne sais si ce n’est pas trop attendre de votre dévouement… Écoutez, capitaine, ici nous ne sommes que de pauvres esclaves, mais notre père est roi, il commande à un peuple nombreux, dans un riche pays. Si vous consentiez… à nous accompagner auprès de lui, il vous donnerait une fortune.
— Ce ne serait pas pour le gain, dit Cubissa d’un ton jovial, mais pour le bonheur de vous obliger et pour le plaisir de courir le monde que j’accepterais… et après réflexion, j’accepte. Rien ne me retient ici que l’amour du pays natal ; je suis jeune et point marié, et d’ailleurs il me déplairait de vous livrer tous deux à de nouveaux hasards. Si l’affaire que le custos a mise en train pour votre frère réussit, voilà qui est dit, je serai votre compagnon de voyage. »
Mais aussitôt, il fit signe aux deux jeunes gens de se cacher entre les racines du ceïba, car il venait d’entendre un bruit de voix et de pas.
Il faisait assez sombre à cette place pour qu’ils échappassent à la vue des arrivants qui