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Ma joie s’envola. (Page 66.)


tié et de garder le reste pour souper ; j’en fis donc deux parts, l’une que je mis de côté et l’autre que je croquai en l’arrosant d’un peu d’eau. Vous trouvez peut-être étrange que l’idée ne me vînt pas d’y mêler quelques gouttes d’eau-de-vie que je pouvais me procurer sans peine, puisque j’en avais sous la main une tonne d’au moins 100 gallons. D’abord je n’aimais pas l’eau-de-vie, et celle-ci en particulier m’avait emporté la bouche et soulevé le cœur. C’était sans doute de l’eau-de-vie de qualité inférieure destinée aux matelots. De plus, une gorgée environ que j’en avais absorbée m’avait altéré au point que, pour étancher ma soif, j’avais du boire presque un demi-gallon d’eau. Ce n’était pas le moyen, comme vous voyez, d’économiser cette dernière ; aussi étais-je bien déterminé à m’abstenir entièrement de spiritueux.

Quand ma montre m’avertit que l’heure du sommeil était venue, je voulus manger le demi-biscuit que j’avais réservé pour mon souper et ensuite me mettre au lit. Cette opération consistait simplement à m’étendre et à ramener sur moi une partie du drap qui formait ma couche, pour me garantir du froid.

J’en avais vraiment souffert dans la première semaine du voyage, car nous étions partis au cœur de l’hiver ; aussi la découverte du drap me fut-elle précieuse ; mais, après quelque temps, je m’aperçus d’un changement