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LE CHEVAL SAUVAGE.

de l’ennemi nous fit plus de mal. Garey fut atteint par une balle qui lui arracha une partie de sa blouse de chasse en lui éraflant l’épaule. Une autre balle rasa la tête de Ruben.

Nous ne pouvons rester plus longtemps spectateurs de l’attaque sans y répondre, dis-je. Qu’en pensez-vous, camarades ?

— Nous devons faire une sortie, répondit Garey : c’est notre seul moyen de salut. Remontons à cheval et lançons nos bêtes ventre à terre dans la prairie.

— À quoi bon ? objecta Ruben en hochant la tête. Le capitaine s’en tirerait peut-être ; mais pour toi et moi il n’y a pas ombre de chance. Ils rattraperaient ma cavale en cinq minutes, et ton rubican n’a pas à se vanter de ses jambes.

— Tu te trompes, répliqua Garey. Tu peux monter l’étalon blanc et laisser ta cavale en liberté, ou me céder le Cheval blanc et prendre mon rubican. Mais il est absurde de nous croiser les bras et de nous laisser fusiller comme un buffle dans un parcage. Qu’en dites-vous, capitaine ?

— Je crois, repartis-je en désignant d’un coup de tête le plateau, que nous devons gagner au galop la colline et nous y adosser. L’ennemi ne pourra plus alors nous tourner ; et, avec les chevaux devant nous, il nous sera plus facile de lui tenir tête.

— Le jeune homme a raison, interrompit Ruben. Nous n’avons pas une seconde à perdre, ils vont bientôt revenir à la charge.

Nous détachâmes rapidement nos montures, nous sautâmes en selle et nous partîmes comme des traits. Derrière nous volait au triple galop toute la bande, criant et vociférant ; mais nous avions l’avance et nous atteignîmes heureusement le rocher. Puis d’un bond