Page:Reinach - Cultes, mythes et religions, Tome II, 1909.djvu/228

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madidis cantat quae Sostratus alis.
Ille tamen qualis rediit, Salamine relicta,
In Corum atque Eurum solitus saevire flagellis
Barbarus, Aeolio numquam hoc in carcere passos,
Ipsum compedibus qui vinxerat Ennosigaeum.
Mitius id sane. Quid ? Non et stigmate dignum
Credidit... ?)[1]}} Sur quoi le scholiaste remarque : Sostratus poeta fuit, hic Xerxis regis facta descripsit. Madidis autem ideo quia omnes, qui cum sollicitudine recitant, necesse est ut aloe (mss. tali) eis sudent... Solebat verberare flatus, ventos scilicet. Dicebatur Xerxes usque adeo vicisse procellas Hellesponti ut ventos flagris compesceret et ipsum Neptunum compedibus vinciret. Cette scholie inepte peut n’être qu’un développement du texte, d’ailleurs mal compris, comme il se peut que Sostratos lui-même n’ait eu sous les yeux d’autre témoignage que celui d’Hérodote. Sénèque[2] parle également de l’enchaînement de Neptune, ou plutôt de la vaine tentative de Xerxès pour l’enchaîner. Plutarque[3] dit que Xerxès fit couper les oreilles et le nez aux constructeurs du pont détruit par la tempête, renseignement qu’il n’a pas puisé dans Hérodote, suivant lequel les malheureux ingénieurs furent décapités.

Plusieurs savants, Stanley, Stein et notamment Otfried Müller[4] ont pensé que toute l’histoire contée par Hérodote provenait de quelques vers mal interprétés des Perses d’Eschyle. C’est l’ombre de Darius qui parle ainsi de Xerxès (v. 746 et suiv.) : « Essayer d’enchaîner comme un esclave la mer sacrée de l’Hellespont ! d’arrêter le courant divin du Bosphore ! changer l’usage des flots, en les captivant par des entraves forgées au marteau, et ouvrir à une immense armée un chemin immense ! » Mais ces vers décrivent seulement le pont jeté sur le détroit, dans l’idée, familière aux Anciens, que le

  1. Juvénal, Sat., X. 179 sq.
  2. Sénèque, De const. sap., IV, 2.
  3. Plutarque, De tranquill., p. 470.
  4. O. Müller, Kleine Schriften, t. II, p. 77 (écrit en 1831). Cf. Hauvette, Hérodote, p. 125.