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PHILOSOPHIE.


pas ; il faut encore la continuité : sans ces deux qualités, l’animal ne peut être un. (Prenez l’animal, analysez-le, ôtez-lui toutes ses modifications l’une après l’autre, et vous le réduirez à une molécule qui aura longueur, largeur, profondeur et sensibilité. Supprimez la sensibilité, il ne vous restera que la molécule inerte ; mais si vous commencez par soustraire les trois dimensions, la sensibilité disparaît.) Donc chaque organe peut être considéré comme un animal particulier, chaque organe est un animal. Et il ajoute : « L’organisation détermine les fonctions et les besoins ; quelquefois les besoins refluent sur l’organisation et cette influence peut aller quelquefois jusqu’à produire des organes, toujours jusqu’à les transformer. »

Ailleurs la contiguïté entre les règnes de la nature que rien ne sépare n’est pas moins abondamment démontrée. Où commence l’animal ? Où finit la plante ? Le gluten, résidu de la farine dépouillée de l’amidon, est un végéto-animal — expériences de Beccari et de Rouelle ; — la tremella s’agite tant qu’elle est dans l’eau, perd ses mouvements dès qu’elle en est tirée, les reprend dès qu’elle y est replongée, naît et meurt ainsi à discrétion ; Adanson en fait une plante et Fontana un animal ; — « la dionée de Caroline a ses feuilles étendues à terre, par paires et à charnières ; ces feuilles sont couvertes de papilles ; si une mouche se pose sur la feuille, cette feuille, et sa compagne, se ferme comme l’huître, sent et garde sa proie, la suce et ne la