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L’ENCYCLOPÉDIE.


sur la révélation ; tant pis pour les régimes politiques et les organisations sociales qui n’ont plus d’autres assises que la tradition. La raison, évidemment, sera forcée souvent de convenir qu’elle ignore et qu’elle ignorera longtemps, même qu’elle ignorera toujours ; mais elle a le droit de se dire capable de certitude et de vérité. Où la lumière abonde, elle affirme ; où la lumière s’affaiblit, elle cherche ; où la lumière s’éteint, elle attend. Mais, comme elle a le droit de ne croire que ce qui est démontré par elle, le rationalisme encyclopédique se trouve être à la fois le scepticisme, c’est-à-dire un doute systématique et universel, aussi précis que la science, aussi vaste que l’esprit humain, et le positivisme, c’est-à-dire la limitation de la croyance à ce qui a été établi par les faits et par l’expérience. Tout l’esprit encyclopédique est là : dans quelque ordre d’idées que ce soit, il est l’ennemi naturel et violemment déclaré du dogmatisme ; qu’il s’agisse du trône ou de l’autel, de la religion ou de la métaphysique, il est essentiellement critique, il repousse toute règle qui n’est pas fondée sur la raison, il fait profession de tout examiner. Il ne nie pas systématiquement : nier n’est pas douter ; mais il doute tant que son jugement ne s’est point assis sur des preuves positives, ce qui ne veut pas dire, du moins exclusivement, matérielles. Et, dès lors, par la force même des choses, l’esprit encyclopédique s’attaque à toutes les tyrannies, qu’elles soient politiques ou qu’elles soient religieuses, et tous les despotismes