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histoire de la révolution russe

ment. Blessés, mais non découragés par ces chicanes, les membres les plus actifs des zemstvos constituèrent une ligue secrète, Zemski-Sobor, dont l’objet était la réforme du pays sans révolution. En 1878, les zemstvos commencèrent à cet effet une campagne de pétitions ; Alexandre II en fut touché et, sur son ordre, le ministère rédigea un projet favorable dont les zemstvos furent informés. Il s’agissait de créer une haute Commission consultative comprenant les grands dignitaires de l’État et les délégués des zemstvos. L’empereur trouva que c’était trop et refusa. En mars 1882, le comte Dimitri Tolstoï rejeta en bloc les pétitions des zemstvos, ferma leurs écoles, remplacées par des écoles confessionnelles, et tenta de les réduire à l’état de corps consultatifs, sous le contrôle permanent des gouverneurs. Le Conseil d’Empire jugea ce projet trop réactionnaire et l’amenda. Une nouvelle loi (1890) augmenta dans les zemstvos les privilèges des nobles et des représentants de l’État ; les communes rurales furent privées du droit de nommer des délégués, mais durent se contenter de présenter des candidats entre lesquels choisissait le gouverneur. Tout cela n’étouffa pas le mouvement.

La famine de 1891, le choléra de 1892 rendirent l’intervention des zemstvos indispensable ; ils s’acquittèrent admirablement de leur lourde tâche. Si Plehve les combattit tant qu’il put, Witte, le ministre le plus intelligent qu’ait eu la Russie contemporaine, les traita avec égards. La guerre russo-japonaise et la bombe qui tua Plehve marquèrent le début, sous le ministère Sviatopolk Mirsky, d’une ère de confiance et de bon vouloir. Un congrès de zemstvos se réunit à Pétersbourg,