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histoire de la révolution russe

Shevtchenko, ce qui provoqua de vives réclamations à la Douma. « Il y a certainement, dit Milioukov, un mouvement ukrainien, et qui ne peut être arrêté ; mais il s’agit de savoir si vous voulez vous en faire un ami ou un ennemi. Les vrais séparatistes sont les persécuteurs, qui font le jeu de l’Autriche. Si les Ukrainiens sont convaincus qu’ils n’ont rien à espérer de la Russie, ils chercheront leur salut ailleurs. Voulez-vous que le centenaire de Shevtchenko soit célébré en Russie, où il y a trente millions d’Ukrainiens, ou en Autriche, où il y en a cinq millions ? » La Douma donna raison à Milioukov.

Au mois de mars, le professeur Baudouin de Courtenay, conseiller d’État, fut condamné à deux ans de prison pour avoir publié, en 1912, un opuscule en faveur d’un système fédéral de gouvernement. Mis en liberté provisoire sous caution, il fut l’objet d’ovations et reçut des félicitations de toute la Russie.

Peu après, les grèves politiques reprirent à Pétersbourg ; le 26 mars, il y eut soixante-dix mille grévistes, auxquels s’associèrent les étudiants. Une note officieuse déclara que les grèves prenaient de plus en plus un caractère politique et que le gouvernement aurait recours à des mesures sévères pour les réprimer.

La réaction alla si loin que les poursuites furent intentées contre le député Tchkheidze pour un discours prononcé par lui à la Douma (avril). Le 9 mai, Milioukov avertit la Douma que le Gouvernement préparait un coup d’État à l’aide de ses auxiliaires favoris, les Cents Noirs. Le 11, il fut question ouvertement de l’influence de Raspoutine, qui faisait nommer des évêques à son gré et que les plus hauts représentants du clergé accueil-