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Page:Reinach - Orphéus, histoire générale des religions, 1921.djvu/136

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LES GRECS OU HELLÈNES

beaucoup varié et qu’on en peut raconter l’histoire plutôt qu’en présenter le tableau.

2. Depuis Homère et Hésiode, les poètes ont travaillé à embellir les fictions du passé, les mythographes à les coordonner, les philosophes à les expliquer et à les détruire ; mais le fond même de la religion est très antérieur à la littérature. Il se révèle à nous par des œuvres de l’art primitif, plus encore par l’analyse des usages religieux, des rites, qui survivent souvent aux conceptions dont ils sont l’écho et, pendant qu’elles se transforment, restent immuables. Les rites à leur tour, devenus inintelligibles, ont donné naissance à des mythes nouveaux. Cela s’est vu partout, mais en Grèce plus qu’ailleurs, parce que les Grecs, curieux et ingénieux, ont voulu expliquer par des historiettes les usages qu’ils ne comprenaient plus et en ont imaginé souvent de charmantes.

On peut laisser à l’histoire littéraire l’étude détaillée de ces mythes, dus à l’imagination des poètes et à la subtilité des mythographes. La connaissance des contes helléniques, dont s’inspirent encore la littérature et l’art, est indispensable à tout homme cultivé ; ici, je devrai me contenter d’en citer quelques exemples en passant.

3. Les fouilles de Troie, de Mycènes, d’Amorgos, de Mélos, de Crète, exécutées de 1870 à 1900, ont jeté quelques lumières sur les idées religieuses qui prévalurent dans les pays grecs plus de dix siècles avant l’épopée homérique. Il importe peu que les hommes de ces temps reculés parlassent le grec ou une autre langue ; leurs croyances n’ont pas été perdues pour leurs