Page:Reinach - Orphéus, histoire générale des religions, 1921.djvu/26

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que les poètes grecs ont racontées sur leurs dieux, leurs déesses et leurs héros. Cette confusion a sa raison d’être et son excuse, parce qu’il y a de la religion à la base de toute mythologie ; mais, quand on est sur le terrain scientifique, il faut l’éviter.

2. La mythologie est un ensemble d’histoires controuvées — non pas inventées, mais combinées et enjolivées à plaisir — dont les personnages échappent au contrôle de toute histoire positive. La religion est, au premier chef, un sentiment, et l’expression de ce sentiment par des actes d’une nature particulière qui sont les rites.

3. Définir la religion est d’autant plus difficile que le mot est fort ancien, qu’il a beaucoup servi et que l’étymologie du latin religio ne nous éclaire que faiblement sur la signification primitive de ce terme. C’est à tort qu’on a voulu dériver religio de religare « relier », comme si la religion était essentiellement le lien qui rattache la divinité à l’homme. La linguistique oblige d’écarter cette étymologie ; en revanche, elle adopte volontiers celle que recommandait déjà Cicéron : religio vient de relegere, qui s’oppose à neglegere, comme le soin vigilant (nous disons : un soin religieux) au laisser-aller et à la négligence. La religio serait donc l’observation fidèle des rites ; cela est bon à savoir, mais nous laisse dans une complète ignorance sur la nature du sentiment religieux.

4. On ferait un volume en énumérant et en discutant les définitions de la religion qui ont été proposées par les savants modernes. « La religion, dit Schleiermacher, consiste en un sentiment absolu de notre dépen-