Aller au contenu

Page:Reinach - Orphéus, histoire générale des religions, 1921.djvu/345

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

catastrophe de 70, alors qu’on pouvait encore croire à la prochaine venue du Christ en gloire, préparée par ce grand bouleversement. Dans Luc (21, 9-24), la seconde venue (dite parousie, présence) est reculée : « La fin ne sera pas, dit Jésus, tout aussitôt (après la ruine de Jérusalem) ; il faut encore que les temps des nations soient accomplis. » [1] Nous sommes ici entre 80 et 100, plus près de cette dernière date. Le passage parallèle de Marc (13) est inutilisable, car Jésus y prédit les souffrances des apôtres et la propagation de l’Évangile parmi toutes les nations ; c’est une interpolation manifeste. Mais le fond de Marc ayant certainement été utilisé par Matthieu, nous pouvons le placer entre 60 et 70. Quant à l’Évangile de saint Jean, s’il est de la même main que l’Apocalypse, qui date de 93, on peut en mettre la rédaction vers la fin du Ier siècle ou peut-être au début du siècle suivant. 12. La diffusion de nos Évangiles dans les communautés chrétiennes a été lente. Sauf Papias (vers 120), qui parle d’un récit de Marc et d’un recueil de discours de Jésus, aucun écrivain chrétien de la première moitié du IIe siècle ne cite les Évangiles ni leurs auteurs présumés (§3). Saint Justin (vers 150) allègue, il est vrai, les Mémoires des Apôtres, mais les extraits qu’il en donne ne sont jamais textuellement conformes à nos Évangiles ; quelques-uns proviennent d’Évangiles non reconnus, dits apocryphes, et d’autres on ne sait d’où. L’enseignement de Jésus est encore à l’état confus, comprenant les « nombreux écrits » dont parle le préambule de Luc et une quantité plus considérable encore

  1. Voyez Michel Nicolas, Etudes, II, p. 8