Page:Reinach - Orphéus, histoire générale des religions, 1921.djvu/353

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Jésus, par Joseph, au roi David. Ces généalogies, et d’autres sans doute que nous n’avons plus, ont été fabriquées quand on a voulu confirmer la croyance juive qui faisait du Messie un descendant de David ; l’histoire de la naissance divine a été introduite à son tour, lorsqu’on s’est habitué à l’idée de la divinité de Jésus.

21. Les Évangiles parlent, avec une grande simplicité, des frères et des sœurs de Jésus. Jésus, au dire de Matthieu, était l’aîné (Mt., I, 25). L’idée que ces frères et sœurs étaient des cousins, ou des enfants d’un premier mariage de Joseph, est une subtilité de théologiens. « C’est la croyance à la virginité de Marie qui a obligé les auteurs ecclésiastiques à expliquer, on pourrait dire à éliminer leur qualité. » [1]

22. L’idée que Jésus est le Messie et qu’il est Dieu est déjà formée dans le quatrième Évangile ; mais, dans les trois premiers, elle est seulement en voie de formation. Le point essentiel de la prédication de Jésus, dans ces Évangiles, est l’annonce du règne de Dieu, dont l’avènement est prédit comme très prochain (Mt., 16, 28 ; Mc., 9, 1 ; Lc., 9, 27). Jésus s’appelle Fils de l’Homme, ce qui, en hébreu, est synonyme d’homme, et Fils de Dieu, ce qui signifie inspiré de Dieu. Il interdit à ses disciples de l’appeler Messie (Mt., 16, 20) et il reproche aux scribes d’enseigner que le Messie doit descendre de David (Mc., 12, 35), preuve que la filiation davidique n’est pas moins une addition à la légende que la filiation surnaturelle. Dans le

  1. Loisy, Quelques lettres, p. 155.