Page:Reinaud - Mémoire sur le Périple de la mer Érythrée.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais, au temps du Périple, le titre de capitale avait passé à Barygaze ; le prince qui y régnait s’appelait Mambana. Le royaume de Barygaze comprenait toute la Larice, sans excepter Oudjaiana, et, du côté du nord, se prolongeait jusqu’à l’Indo-Scythie.

Il s’agit maintenant de mettre en évidence un fait qui n’avait pas été aperçu : c’est l’existence, à cette époque, d’un vaste empire qui n’existait pas un siècle auparavant, et qu’on ne voit reparaître qu’au neuvième siècle de notre ère. C’est, comme je l’ai déjà dit, un problème à la fois géographique et historique.

Avant d’aborder le texte même du Périple, j’ai quatre observations à présenter : 1° au temps du Périple, le port régulier[1], le port autorisé de la contrée, était celui de Barygaze ; tout navire d’un certain tonnage qui se présentait ailleurs y était renvoyé. L’importance de cette ville était devenue telle, que devant son nom tous les autres noms avaient pâli. 2° Barygaze ayant acquis le rang de capitale, on disait Barygaze, ou plutôt les Barygazes[2] au pluriel, pour désigner l’empire tout entier. L’expression golfe de Barygaze[3] ne s’appliquait pas seulement à ce que nous appelons à présent le golfe de Barygaze, mais à toute la partie de la mer qui s’étend du Guzarate au Malabar. 3° La ville de Minnagara dont le nom revient dans le Périple, et que presque tous les géographes ont prise pour une seconde ville du même nom, devenue la capitale de la Larice, n’est pas autre que la Minnagara située sur les bords de l’Indus[4]. Enfin l’auteur du Périple, trompé par une erreur des anciens, d’après laquelle l’Indus, dans la dernière partie de son cours, tournait

  1. Mémoire sur la Mésène, vers la fin.
  2. Βαρύγαςα.
  3. Κόλπος Βαρυγάςων.
  4. Sur ce point, je suis heureux de me rencontrer avec d’Anville (Voy. son Antiquité géogr. dé l’Inde, Paris, 1773, in-4o.