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CHAPITRE QUATRIÈME

dut aller occuper comme gouverneur la place importante de Plaisance. Enfin le général Forra, très brave soldat, gravement atteint d’une maladie du poumon à laquelle il succomba, fut obligé de quitter l’armée ; il se sépara en pleurant du roi et de ses compagnons d’armes.

De Volta Charles-Albert, dont l’armée tenait la ligne du Mincio depuis le lac de Garde jusqu’aux environs de Mantoue et occupait Mozambano, Borghetto, Goïto et les hauteurs de Valeggio, voulut faire lui-même une reconnaissance sur Mantoue le 19 avril. Il ordonna au 1er corps, commandé par le général Bava, de marcher dans la direction de cette forteresse. On rencontra les Autrichiens. Le roi se porta au canon. Le général Bava, le voyant s’engager sur une route enfilée par l’artillerie, voulut l’arrêter. Les Autrichiens paraissaient se retirer dans Mantoue. Le roi refusa de l’écouter : « Si mon heure est venue de mourir, je mourrai, » dit-il. Il continua à avancer sur la route à la grande frayeur du général Bava qui voyait les canons chargés à mitraille. Heureusement entre les deux armées on apercevait une charrette surmontée d’une croix. Le roi demanda ce que c’était : on lui dit que c’était un transport de morts ramassés dans la campagne. Les canons autrichiens n’avaient pas tiré pour ne pas