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CHAPITRE PREMIER

intimes… Maintenant qu’elle est vieille femme, je puis bien vous dire son nom sans lui nuire… C’est de moi-même qu’elle racontait ainsi l’infortune, et je vous assure que jamais de ma vie il ne m’est arrivé semblable malheur. »

Sur les démarches de M. de Billing, M. Guizot l’autorisa à m’attacher à sa légation de Danemark. J’en fus avisé officiellement le 7 avril 1846. J’avais été également recommandé par M. Génie, chef du cabinet de M. Guizot ; par l’abbé Deguerry, par M. de Montalivet et par M. Hébert, plus tard garde des sceaux.

Rien ne m’était plus agréable et ne pouvait m’être plus utile que de continuer ma carrière sous la direction d’un chef d’une aussi haute honorabilité. Quelques jours après, M. de Billing me conduisit lui-même, le soir, chez M. Guizot. La réception était triste. La veille, à Fontainebleau, un nouvel attentat avait été commis par un individu nommé Leconte sur la personne de Louis-Philippe.

La mère de M. Guizot, assise dans un fauteuil dans lequel elle semblait perdue, faisait les honneurs du salon de son fils. Elle avait à sa droite lady Cowley, Mme de Brignole et quelques femmes du corps diplomatique. On se montrait lord Palmerston dont la présence à Paris faisait sensation. M. de Billing