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CHAPITRE SEPTIÈME

non seulement s’il était changé quelque chose aux bases de la médiation, mais même si les négociations tardaient à s’ouvrir, parce que la situation deviendrait intolérable et qu’il céderait le pouvoir au parti de la guerre. Le roi disait à qui voulait l’entendre qu’il recommencerait la guerre si l’indépendance de l’Italie était menacée.

Le cercle politique, composé de toutes les oppositions réunies, demandait dans la presse et dans des adresses au roi le renvoi des ministres comme n’ayant ni l’énergie ni la popularité que réclamaient des circonstances aussi graves.

À la tête de ce mouvement était l’abbé Vincenzo Gioberti, prêtre piémontais, professeur de théologie, philosophe éminent, écrivain et orateur à la langue d’or, qui avait été d’abord chapelain de Charles-Albert. Suspecté d’opinions et d’accointances dangereuses, il avait été emprisonné, puis exilé. Pendant son séjour en Belgique, il avait publié plusieurs ouvrages. Celui qui fit le plus de bruit fut le Primato civile et morale degl’Italiani : De la primauté civile et morale des Italiens, où il flattait à outrance l’amour-propre, si facile à enflammer, de la nation italienne. Sa thèse était que l’Italie avait donné le premier signal de la vraie liberté au monde ; que cette liberté avait été tuée politiquement par l’Allemagne et