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CHAPITRE SEPTIÈME

médiatrices d’affranchir l’Italie de l’occupation autrichienne, mais il ajouta qu’un pareil but ne pouvait être atteint tout de suite, que des négociations étaient actuellement engagées au sujet de Venise et des duchés. La médiation devait avoir un but supérieur à celui de la paix à rétablir entre l’Autriche et la Sardaigne ; elle impliquait l’intervention des puissances dans un conflit entre deux nationalités, œuvre délicate demandant du temps et beaucoup de sang-froid. La reprise des hostilités serait la perte infaillible du Piémont : il ne s’agissait plus de vaincre trente mille Autrichiens démoralisés et déjà en Retraite, mais de se heurter de front contre une armée de cent vingt mille hommes aguerris, encouragés par la victoire et munis de toutes les conditions matérielles du succès.

Mais Charles-Albert, engagé dans des difficultés inextricables, avait son parti pris. Le marquis Alfieri, président du conseil, ne cachait pas que c’était une idée fixe chez le roi de se faire tuer ou d’abdiquer. Son ministère éprouvait un tel dégoût des attaques de l’opposition qu’il ne songeait qu’à se retirer pour mettre ses adversaires à même d’assumer à leur tour la lourde tâche du pouvoir.

En vue de la reprise des hostilités le gouvernement cherchait à réorganiser le commandement de son armée. Il avait obtenu le concours du général polonais