Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
210
MES SOUVENIRS

à chaque instant. On était inquiet de la Savoie, menacée d’une invasion de républicains de Suisse et de France, qui venaient y former une légion étrangère. Dans cette province, berceau de la monarchie, les regards se portaient surtout du côté de la France. Les soldats savoisiens qui formaient la partie la plus vigoureuse de l’armée sarde étaient las de courir les risques de la guerre pour le compte des brigades méridionales qu’on ne pouvait jamais décider à se battre. Si l’honneur militaire ne les avait retenus, ils auraient déclaré depuis longtemps ne plus vouloir combattre pour une cause qui ne les intéressait en rien.

La Savoie refusait également de payer l’impôt forcé. À la séance du 29 octobre 1848 un député savoisien fit à la tribune la déclaration suivante :

« La Savoie n’est nullement intéressée dans la guerre actuelle. Elle l’a soutenue par honneur et par fidélité dans la dernière campagne, mais elle ne peut pas faire de nouveaux sacrifices qu’elle croit inutiles et, si on lui en demandait qu’elle ne pût faire, on la pousserait à jeter ses regards d’un autre côté. »

Un autre député, M. Chenal, fut plus explicite encore. Il dit que si la réunion de la Lombardie et du Piémont avait lieu, la Savoie devrait devenir française.