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MES SOUVENIRS

dynastique. La République avait été vaincue à Gènes et les réfugiés suisses avaient échoué dans toutes leurs entreprises. Mais la Ligue italienne n’était pas dissoute : ses tendances républicaines étaient notoires. Le roi craignait qu’en cas d’affranchissement, la Lombardie, abandonnée par lui, se constituât en République. Il y avait d’ailleurs un autre prétendant : le prince de Leuchtenberg, fils du prince Eugène, qui avait laissé comme vice-roi d’Italie des souvenirs sympathiques à la population milanaise. Il avait lancé un manifeste qui fut déféré aux tribunaux. Ce fut le premier procès fait à la presse depuis la promulgation du statut. On l’avait laissée libre tant qu’il ne s’était agi que d’attaques contre l’ordre social, mais le ministère se réveilla bien vite quand il vit les prétentions du Piémont sur la Lombardie menacées d’une compétition.

C’est à ce moment qu’arriva à Turin la sinistre nouvelle de l’assassinat de Rossi. Il n’excita point en Italie l’indignation qu’il causa en France lorsqu’on vit à Rome un ministère accepter la succession d’un assassinat, et des hommes, jusqu’alors investis de l’estime publique, prendre la responsabilité d’un acte aussi odieux. Dans ce pays l’esprit de haine ne recule pas devant de pareils moyens, l’assassinat politique, n’inspire pas d’horreur. On le pratique