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MES SOUVENIRS

dans le Messager de Turin, organe de Brofferio. « Je ne me fais pas d’illusion sur ma position, déclara Gioberti au ministre de France ; j’en comprends toutes les difficultés. On a laissé s’aigrir et se passionner les esprits en leur inspirant de la défiance relativement à la seule idée qui puisse exciter des sentiments énergiques en Italie : l’indépendance et l’union. Il ne s’agissait pas seulement de faire la guerre, mais de bien persuader qu’on la voulait et qu’on ne s’accommoderait jamais de l’occupation autrichienne. Les esprits ardents se sont accoutumés à la pensée qu’on leur refusait cette satisfaction et se sont persuadé qu’à la mauvaise foi qu’ils supposaient au gouvernement il n’y avait à opposer que la violence. De là ce qui est arrivé à Rome et à Florence. À Florence tout est venu de la faiblesse du ministère, mais Guerrazzi est un homme d’État et il cherchera plutôt à fortifier le gouvernement qu’à l’amoindrir. À Rome le Pape n’a rien à se reprocher que de n’avoir pas su se séparer entièrement d’hommes qui le compromettent : quant à lui, c’est le plus noble cœur que je connaisse ; il n’a que de bonnes inspirations et il ne lui manque que des hommes pour les mettre en œuvre. Rossi était le seul qui en fût capable. J’étais son ami et je connaissais toutes ses pensées : elles n’avaient que l’intérêt de l’Italie pour but, et il