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MES SOUVENIRS

d’un député hongrois à propos d’une prétendue victoire remportée par les Magyars sur les Autrichiens s’arrêta sous les fenêtres de Gioberti en poussant des cris de guerre. La division du ministère devenait flagrante : « Il n’y a plus qu’une question politique aujourd’hui en Italie, disait Gioberti à M. de Bois-le-Comte, c’est celle de la République. Je ne veux pas reconnaître celle qui a été proclamée à Rome et je ne la reconnaîtrai jamais. J’y perdrai plutôt la vie. Je l’ai déclaré à mes collègues, mais je n’ai pu obtenir d’eux qu’ils se déclarassent nettement sur cette question. Ce sont des avocats accoutumés à peser le pour et le contre et ne pouvant ni ne sachant se décider franchement. Ils ne sont pas républicains, mais ils n’osent pas se prononcer contre une république, ils craignent qu’elle n’envahisse toute l’Italie. Ils ont l’arrière-pensée qu’ils seraient débordés et éliminés si le Piémont lui-même la subissait. Ils s’arrêtent à des demi-mesures, lorsqu’il s’agit pour nous d’être ou de n’être pas. Quant à moi, je leur ai déclaré nettement que je ne leur céderai jamais et que je ferai la politique extérieure tout seul et à ma volonté. Les rôles sont fort changés. Je disais jadis que je me retirerais ; aujourd’hui je leur déclare que je les renverrai s’ils ne veulent pas me suivre dans la voie que j’ai arrêtée. Cependant je suis obligé encore