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CHAPITRE ONZIÈME

8 heures et demie du soir : le ciel était très obscur. La tête de colonne piémontaise, réunie en masse sur la grande route, était précédée près de la porte Vercelli par les deux colonels de la brigade de la reine. Les soldats resserrés et entourés se battirent pendant une demi-heure avec leurs baïonnettes et leurs épées, ne pouvant pas dans cette confusion faire usage de leurs fusils. On se battait aveuglément, par honneur, par instinct, tuant amis et ennemis indistinctement, sans conserver aucune espérance. Les Autrichiens qui obstruaient la porte de Vercelli étaient commandés par le colonel Benedek, du régiment de Giulay. Celui-ci, certain de ses avantages, cria à ses troupes de suspendre le carnage et somma les Piémontais de se rendre, s’ils ne voulaient trouver une mort certaine après s’être défendus inutilement. Les deux colonels de la brigade de la reine qui étaient à la tête de la colonne, voyant la situation de leurs soldats décimés par la fusillade et par la mitraille, persuadés qu’en dix minutes la colonne serait anéantie, consentirent à parlementer. En même temps, à la queue de la colonne, un major et un capitaine de la brigade de la reine s’avancèrent pour s’aboucher avec les officiers autrichiens qui étaient à peine à une dizaine de pas de distance. Ils furent d’abord reçus à coups de fusil ; puis le feu ayant cessé sur