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CHAPITRE ONZIÈME

chemins étroits dans l’obscurité sans aucune direction fixe, parvint à se réunir. Inquiétée par les hussards ennemis, n’étant protégée ni par des canons, ni par la cavalerie, elle rallia beaucoup de soldats débandés. Le reste de la réserve s’était retiré derrière l’Agogna. À minuit, le duc de Savoie, les généraux de La Marmora et Durando, ayant échappé par miracle à ces combats meurtriers, se retrouvèrent à Bobbio : ils continuèrent leur retraite jusqu’à Novare. Un grand nombre d’officiers avaient été tués ou blessés ; beaucoup rejoignirent leurs corps en traversant les rangs et le feu des Autrichiens.

Au quartier général on ne se doutait de rien. On avait bien entendu à la tombée de la nuit le bruit du canon du côté de Mortara, mais ce bruit avait peu duré. La proximité de la nuit et la suspension subite du feu avaient fait penser que l’ennemi avait été repoussé et qu’il recommencerait son attaque le lendemain matin. À cette nouvelle désastreuse les généraux piémontais décidèrent que l’armée serait concentrée sous Novare où l’on se préparerait à livrer une bataille décisive. L’inconvénient du voisinage de Novare était que l’infanterie, sachant qu’elle avait derrière elle cet abri, était disposée à s’y jeter plus précipitamment qu’elle n’y aurait été forcée par les péripéties du combat. Deux divisions récemment