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MES SOUVENIRS

il établissait qu’ils devaient attendre de la maison de Savoie une amélioration de leur avenir. Son jeune fils Ferdinand était lieutenant d’artillerie. Ayant entendu la défense faite par le capitaine de sa batterie de courber la tête lorsque arrivaient les projectiles ennemis, il resta immobile et il reçut au front un coup mortel.

Charles-Albert depuis le commencement du combat avait recherché les points où le danger était le plus grand. Tous tombaient autour de lui. Il se tenait près des batteries d’artillerie les plus exposées, cherchant visiblement la mort. À sept heures il rentra dans Novare, se plaçant sur les remparts au lieu où les projectiles tombaient avec le plus d’abondance. Le général Jacques Durando, le prenant respectueusement par le bras, voulut l’éloigner : « Général, lui dit-il, c’est mon dernier jour : laissez-moi mourir. »

La mort ne voulut pas de lui. Il se retira alors au palais Bellini et il annonça sa résolution d’abdiquer. Le duc de Savoie me raconta lui-méme cette scène émouvante. J’ai pris note de son récit, le crayon à la main, au cours d’une des visites nocturnes qu’il me faisait à mon appartement de la via Carlo-Alberto :

« La bataille était perdue. Pliant sous son infor-